Quinze jours après notre arrivée au Cambodge, nous sommes à même de dresser un premier petit bilan.
Lorsque l'on débarque dans un pays étranger, on est plein d'à priori et de préjugés, conditionnés par ce que l'on a pu lire, voir ou entendre. L'Asie reste un continent source d'émerveillement et de fascination.
Monument de l'Indépendance, Phnom Penh |
La fascination était bien là, pour notre part, à notre arrivée. Les temples d'Angkor sont une merveille, nous en avons vraiment profité à fond et nous sommes immergés dans leur découverte.
Nous sommes toujours extrêmement bien accueillis dans les hôtels et les restaurants que nous fréquentons.
Nous sommes toujours extrêmement bien accueillis dans les hôtels et les restaurants que nous fréquentons.
Puis, les jours passant, nous avons été confrontés à la misère régnant ici, la mendicité permanente, la saleté des rues.
Il faut préciser aussi que nous voyageons seuls et par nos propres moyens, sans guide, sans tour operator, Nous voyons donc en direct la vie quotidienne ici. Pas de filtres, pas d'intermédiaire. Nous prenons en pleine face la très grande pauvreté ambiante.
Et ce qu'il ne faut surtout pas oublier : nous sommes blancs, européens, occidentaux. Ici, cela revient à dire que nous sommes riches (aux yeux des cambodgiens), que nous sommes venus dépenser tout notre argent chez eux et que donc, nous devons donner et dépenser sans compter.
Par exemple, lorsque nous avons fait le petit pélerinage dans la campagne de Battambang, on nous a fait l'aumône, sans mentir, tous les 50 mètres. Il faut donner pour les moines, pour les enfants, pour aider à construire des maisons. Et les habitants ne comprennent pas que l'on donne à l'un et pas à l'autre. Et en effet, pourquoi donner un billet à cet enfant et pas à un autre 100 mètres plus loin ?
En ville, nous sommes confrontés à d'autres problèmes. Les rues sont tellement sales et pleines d'immondices qu'il n'est vraiment pas agréable de se promener et de flâner. Pour nous déplacer, nous utilisons donc les tuk-tuk. Et là aussi, certains nous prennent vraiment pour des pigeons ! Pour une course de 2 kilomètres, il est quand même arrivé que le chauffeur nous demande 8 dollars. Sans doute devait-il se dire qu'il pouvait essayer de nous arnaquer... Suite à la négociation, nous sommes passés de 8 à 2 dollars. Et le pire, c'est que la plupart du temps, nous devons les guider dans leur propre ville ! Mis à part les grosses attractions touristiques, ils sont souvent incapables de vous emmener d'un point A à un point B. Ou alors ils vous laissent un kilomètre avant votre point de chute, étant donné que nous ne connaissons pas la ville,le temps que nous nous apercevions de l'erreur, le chauffeur est déjà loin.
Je crois que le top du top, c'était quand même l'aventure pour obtenir notre visa laotien. Nous nous rendons à l'ambassade du Laos à Phnom Penh mardi matin. Là, nous sommes "accueillis" par 4 bonhommes, tous les yeux rivés sur leur téléphone. Pas de sourire, pas de bonjour, rien. Nous remplissons notre demande, laissons notre passeport et rendez-vous nous est donné deux jours plus tard à 10h du matin pour venir le récupérer. Ainsi, jeudi matin, nous débarquons à l'ambassade. Après 15 bonnes minutes d'attente car personne dans les bureaux, un agent arrive et nous informe que nos visas ne sont pas prêts... Alors pourquoi nous fixer un rendez-vous le matin ? Et si notre vol avait été dans l'après-midi même ? Pas de passeport, pas de visas. On s'énerve un peu, on nous demande de revenir à 15h. On y retourne donc quelques heures plus tard et après 30 bonnes minutes d'attente sans personne dans les bureaux, on nous délivre enfin le précieux sésame.
Nous avons quand même visité les sites les plus emblématiques de Phnom Penh, dont le musée du génocide khmer. Là aussi, l'entrée est de 5 dollars pour les étrangers car les cambodgiens eux ne paient pas (cherchez l'erreur). Lorsque nous demandons un guide, on nous spécifie que c'est seulement pendant les vacances scolaires. Nous nous débrouillons donc tout seuls.
Le site est un ancien lycée que les Khmers rouges avaient réquisitionné comme centre de détention et de torture pour les opposants au régime. Tout a été laissé en l'état et le parcours est jalonné de photos des détenus, hommes femmes et enfants. L'atmosphère est assez pesante mais sans guide ni explication, la visite est un peu succincte. Il y a bien quelques panneaux explicatifs ça et là, mais quasiment illisibles car déteints par le soleil et jamais remplacés depuis 30 ans. Sachant qu'il y a environ 500 visiteurs par jour, fois 5 dollars, il ne serait pas difficile de procéder à quelques améliorations. La salle vidéo n'est quant à elle accessible que deux heures dans l'après-midi et nous avons fait la visite le matin....
Bref, nous avons un ressenti vraiment tranché. D'un côté, nous sommes vraiment très heureux de découvrir cette culture, ces paysages et de rencontrer des gens souriants et des enfants qui nous saluent joyeusement. De l'autre, nous avons l'impression quelque fois d'être pris pour des gros pigeons et des pompes à fric. Un sentiment d'oppression nous envahit quand même : difficile de sortir dans la rue sans se faire alpaguer tous les 10 mètres, de prendre des photos tranquilles sans qu'on nous fasse l'aumône. Lorsque nous rentrons le soir à l'hôtel, c'est une sorte de soulagement.
Nous quittons le Cambodge lundi prochain pour le Laos en espérant trouver un peu plus de tranquillité.